AYA DE YOPOUGON, de Marguerite ABOUET et C. OUBRERIE
Souvenirs de jeunesse à Yopougon, quartier populaire d'Abidjan, Côte d'Ivoire, dans les années 80.
Au moment où Abidjan et la Côte d’Ivoire sont sous le feu des combats pour le pouvoir, je voudrais vous parler d’une Afrique qui chante, avec des jolies filles malignes, des papas un peu coquins, des mamans tendres et espiègles.
Je voudrais vous parler d’une Afrique qui rit, qui pleure, qui danse, comme le veut la vie, loin de la dramatique situation politique actuelle.
C’est à Abidjan dans le quartier populaire de Yopougon que vivent Aya, Bintou, Adjoua, leur famille, leurs amis.
La vie des jeunes filless’étire entre le lycée, les sorties au « ça va chauffer », la famille.
Elles rêvent comme toutes les jeunes filles d’un amoureux et d’un futur.
Comme si de rien n’était, les femmes mènent leur barque dans le quartier, et tous se plient à leur avis, car elles sont l’équilibre de cette société.
Dans une langue inventive, avec beaucoup de finesse et de sous entendus, Marguerite ABOUET nous raconte la Côte d’Ivoire de son enfance, légère et riche en émotions.
A travers la vie de ces adolescentes, et de leurs familles.
Aya, belle et farouche va tout tenter pour faire ses études de médecine et se venger de son professeur véreux qui abuse des étudiantes ; Adjoua a donné naissance au petit Bobby, et se débrouille pour faire tourner son maquis ; son frère Albert se cherche des alibis pour vivre son homosexualité ; Hervé fait tourner son garage et veut plaire à Rita ; Félicitée, soupçonnée d’être riche, se fait enlever par son père, le vieux Zékinan ; Mamadou s’est trouvé une bourgeoise ; Bintou se laisse séduire par Grégoire qui est revenu de France et du mirage de l’Occident, alors qu’Innocent est parti se chercher à Paris (à cette époque, les Ivoiriens n’avaient pas besoin de visa pour se rendre en France) ; Moussa fuit dans la brousse l’autorité de son richissime père.
La vie comme on ne l’imagine plus dans ce pays, aujourd’hui.
Et puis, à la fin de chaque album, le bonus ivoirien, une recette, un lexique, des conseils pour attacher un pagne, ou rouler son tassaba.
La lecture d’Aya de Yopougon, nous transporte dans la vie ivoirienne des années 75/80, dans un langage teinté d’expressions locales, à l’époque où le “Vieux” Houphouët-Boigny, père de l’indépendance du pays, régnait sur une jeune nation économiquement en pleine expansion.
Chantal DIMIER – 08 avril 2011
Le 8 avril, au moment où ce texte était rédigé, l'issue de la crise politique ivoirienne était encore incertaine. Le 11 avril, la Côte d'Ivoire se trouve enfin avec un seul président. Souhaitons aux jeunes, de Yopougon et d'ailleurs, de retrouver rapidement une vie quotidienne apaisée.
En savoir plus
* Vidéo >> Voir Marguerite Abouet à Abidjan et "Des livres pour tous"
* Coup de coeur pour la chronique de Khady >>En mode pagne tissé et bande dessinée
" Video : ma dernière chronique Afromondienne ou je parle d'Aya de Yopougon. La bande dessinée créée par Marguerite Abouet et Clément Oubrerie est tout simplement géniale. Je l'ai adorée et me voici la partageant. Pour le reste j'adore l'intro avec la petite confusion avec Henry et le retour du musoor en pagne tissé."
* Le tome 6 sur My Boox >>Voir une lecture du dernier tome
"Le sixième tome d’Aya de Yopougon, la BD crée par Clément Oubrerie et Marguerite Abouet débarque en librairie. Un événement très attendu : les 5 albums précédents se sont écoulés à 350.000 exemplaires et sont traduits dans 13 langues. Dans ce nouvel opus, la jeune Ivoirienne tombe amoureuse et compte bien se venger du «harceleur»... - Revenu à Yopougon déguisé en faux pasteur pour détrousser les bonnes âmes crédules..."
* Aya de Yopougon a une page facebook
* Des Livres pour tous a une page facebook
* Aya, ce sera aussi un film (sortie prévue pour 2012) >>présentation du film
Marguerite Abouet
L’auteur, Marguerite Abouet est née à Abidjan en 1971.
Elle grandit dans le quartier de Yopougon jusqu’à l’âge de douze ans.
Ses parents l’envoient à Paris avec son grand frère pour "suivre de longues études".
Elle y découvre avec émerveillement les bibliothèques et se passionne pour les livres.
Après une carrière d’assistante juridique, elle décide de se consacrer uniquement à l’écriture et crée avec la complicité de Clément Oubrerie le personnage d’Aya. En 2006, Aya de Yopougon reçoit le prix du premier album du festival international de bande dessinée d’Angoulême.
Clément Oubrerie
Le dessinateur, Clément Oubrerie naît en région parisienne en 1966. Après des études d’arts graphiques, et deux années aux États-Unis, il illustre des ouvrages pour la jeunesse, et crée notamment l’univers graphique des Moot-Moot, la série télévisée d’Eric et Ramzy. Pour Aya de Youpougon, il donne vie avec esprit au récit de Marguerite Abouet. Il signe également en 2008 une adaptation en bande dessinée de « Zazie dans le métro ».
Bande dessinée - Editions Gallimard, 6 volumes